Youssef Msakni | Le pouvoir de séduction : Une touche poétique

Msakni est un footballeur de la tête aux pieds. Par sa taille moyenne, par sa façon de caresser le cuir, par son astuce et sa malice instinctives, par son art décisif du contre-pied, par la possession de l’arme absolue, il fait l’unanimité autour de lui.

Phénomène unique dans le panorama tunisien, Youssef Msakni est l’un des rares joueurs en mesure de susciter émotion, passion et soutien sans limites. Admiré en mode inconditionné, la classe pure et vraie de ce joueur est par-dessus tout un symbole d’art et de poésie. Les choix de carrière, les polémiques sur son engagement à Lekhwiya (devenu Al Dahil  entre temps), et ce goût d’inachevé qu’il nous laisse en sélection, n’ont  jamais égratigné la considération que lui portent les puristes de son club de cœur et bien au-delà. Outre sa palette technique et  sa vision du jeu, il dispose de cette force mentale qui lui permet de remonter de la difficulté au miracle. Aujourd’hui, en dépit d’une carrière qui aurait pu prendre une toute autre tournure, le petit génie du Bardo est, à n’en point douter, l’un des plus prestigieux et fascinants ambassadeurs du football tunisien dans le monde arabe. Dans cette définition, Msakni, tout comme ses illustres prédécesseurs, est premier de cordée. Ce qui le distingue de ses alter-ego, c’est cette faculté à fixer, à anticiper et à créer le décalage d’un geste technique dont il a le secret.

Un talent précoce

Youssef Msakni est un footballeur de la tête aux pieds, par sa taille moyenne, par sa façon de caresser le cuir, par son astuce et sa malice instinctives (de buteur notamment), par son art décisif du contre-pied, par la possession de l’arme absolue (vitesse notamment), donc par son pouvoir d’accélération !  A cela il ajoute, sans jamais renier sa vocation de virtuose, mais dans le droit fil de l’évolution d’un champion intelligent, une claire vision du jeu, l’aptitude de la passe décisive et renversante, et l’efficience sur les tirs en première intention. Pur produit stadiste, ce talent précoce  va alors gravir les échelons à vitesse grand V une fois son passage au Parc B acté. La consécration et la reconnaissance de son talent viendront au fil des matchs, pour le plus grand bonheur des fans «sang et or». Dans les plus belles fables, il y a toujours un magicien qui, à l’ombre des étoiles et des lumières, obscurément, émerveille le cœur des inconditionnels. Ce soliste est un lutin dont rares sont les partenaires et adversaires qui lui arrivent à la cheville. A l’EST, son art s’est épanoui au rythme de ses exploits. Msakni fut le fantaisiste, le créateur qui permet à l’Espérance d’allier le résultat à la manière.  Et de là à ce que de grosses écuries ne décident de jeter leur dévolu sur cet envoûtant soliste, il n’y avait qu’un pas à franchir, mais le destin en a décidé autrement. Bref, Msakni débarque tout de même à Lekhwiya avec de grosses ambitions dans ses bagages. Le voilà dans un club qui veut se faire un nom parmi les plus grands et qui a décidé de s’en donner les moyens.  Dès ses débuts, Msakni est étincelant, délicieusement décisif. Lobs, frappes enroulées, dribbles chaloupés, caresses de ballons sont des denrées hebdomadaires avec  le phénomène tunisien. 

Un temps d’avance sur son vis-à-vis

En sélection, dès lors, Youssef Msakni a apporté pendant une décennie de l’ingéniosité dans le jeu souvent physique des nôtres. Tout en finesse, plein de grâce et d’élégance, Msakni a toujours un temps d’avance sur son vis-à-vis. Une qualité de dribble exceptionnelle, l’audace à l’entrée de la surface de réparation, la vista, le cran et le tempérament. La panoplie a été enrichie à la force de l’âge. Et au détonateur d’Al Dahil (fusion entre Lekhwiya et Al Jaish) de devenir plus qu’un simple attaquant. C’est non seulement un virtuose, mais surtout  le maillon clé, le facteur X qui peut changer le cours d’un match.  Aujourd’hui, même après une campagne mondialiste qui  laisse des regrets, ce vif compétiteur  est toujours incontournable en sélection, même à court d’endurance. Car Msakni compense parfois son manque de vélocité par sa technique  et son inspiration. En l’état, en ce sens, nul doute que Mondher Kbaier a eu raison de garder un joueur clé qui dispose de cette capacité exceptionnelle à conserver le cuir, à temporiser et à servir le jeu. Tout ce qu’il fait sur le terrain n’est jamais dans l’exubérance. Enchaînement supersonique ou décalage tout en finesse, Msakni est  jusque-là  indispensable à l’équipe nationale.

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